Au commencement était le Verbe

Le FMI mis en cause dans la propagation d’Ebola


Il est d’usage que l’aide du FMI se traduise par un remède de cheval qui consiste à soigner le mal par le mal. Les vivres sont coupés de façon radicale et les fonds ne sont débloqués que pour faire face à l’urgence de l’essentiel. En général, les banques.

Des experts et chercheurs britanniques ont mis en évidence un lien entre les efforts financiers exigés par le FMI et l’expansion du virus Ebola dans certains pays ayant eu recours à ses services. Ainsi, la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone, qui ont été les plus durement touchés par le virus, sont ceux qui étaient visés par des programmes de réformes.

« En 2013, juste avant l’éruption d’Ebola, les trois pays ont été confrontés aux directives économiques du FMI, et aucun n’a pu augmenter ses dépenses sociales malgré des besoins pressants dans le domaine de la santé »
→ lire l’article dans Le Monde

 

Bien sûr, le FMI se défend d’être directement responsable des conséquences de l’épidémie, et considère toute cette affaire comme un malentendu quant aux modalités de son action. Et de fait, il n’est pas imaginable que le FMI ait sciemment empêché les états concernés de prendre en charge leurs malades.

« Depuis 2009, des prêts accordés à des pays à faible revenu l’ont été sans taux d’intérêt ce qui a libéré des ressources disponibles pour des pays désireux de dépenser plus dans les domaines de la santé et de l’éducation »

 

Épicentre de l'épidémie d'Ebola - The Economist

Épicentre de l’épidémie d’Ebola – The Economist

Evidemment, comme il s’agit de pays d’Afrique, d’aucuns penseront que la corruption et les conflits d’intérêts peuvent expliquer que les magnats locaux aient oublié leurs populations, trop occupés à se gaver avec l’argent occidental ou la rente pétrolière.

Mais n’en va-t-il pas de même cher nous ?

Dans nos économies soi-disant malades de leurs mauvaises graisses, il est coutume de faire des coupes claires dans tous les budgets ou presque, parmi lesquels celui de la santé. En France, on dé-rembourse des médicaments, on ferme des hôpitaux, « on rationalise sans toucher l’essentiel » selon la formule consacrée. Pourtant, dans nos pays, la régression ou la suppression de la prise en charge de certains soins condamnent nombre de concitoyens à s’en passer.

Comment ne pas imaginer alors que les efforts demandés aux pays emprunteurs du FMI n’impactent pas plus encore l’efficacité du système de santé ?

Sans chercher à faire de mauvais procès au FMI, il n’est pas impensable que la fonte de certains budgets assèche à tel point celui de la santé que la prise en charge d’urgences telles que le virus Ebola en soit rendue impossible. Bien sûr, un budget est le résultat d’un arbitrage politique (national), mais il serait étonnant que l’avis du FMI ne soit pas pris en compte dans ce cas puisque c’est lui qui paie.

Quand on considère la Grèce, pays qui a également bénéficié des bienfaits du FMI, l’aide de la troïka a été assujettie à des conditions drastiques qui ont, entre autre, conduit l’état grec à ne plus payer ses fonctionnaires. Pour tous ces agents de l’état et leurs familles, c’est l’accès à tout qui est devenu impossible : se nourrir, se soigner, se chauffer, se loger sont des choses du quotidien rendues inaccessibles par une absence totale d’argent, malgré la présence d’infrastructures médicales et hospitalières. Cette privation de salaires avait sa contrepartie dans les établissements hospitaliers, privés eux aussi de moyens, donc inutiles ou presque.

Quand un système de santé devient cher, il devient pour certains un problème d’argent.
Quand il n’y a plus d’argent, il n’y a plus de problème…

Ce que dit cette étude, c’est que, dans des pays qui sont déjà privés de tout, les efforts demandés peuvent être inatteignables ou tellement lourds que l’efficacité du service rendu, tout comme la responsabilité du FMI, reste alors à démontrer.

 

Wake up.

Lovegiver

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Cette entrée a été publiée le 22 décembre 2014 par dans Afrique, Guinée, Liberia, Pauvreté, Santé, Sierra Leone, et est taguée , , , .
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